Factures auto liquidation : comment faire et pour qui ?

Comprendre le principe de l'auto liquidation

L'auto liquidation est une disposition fiscale qui modifie le procédé classique de collecte de la TVA. Normalement, c'est le vendeur ou le prestataire de service qui facture la TVA à son client, puis la reverse à l'État. Dans le cadre de l'auto liquidation, ce processus est inversé : le vendeur facture hors taxe et c'est au client de déclarer et de payer la TVA directement à l'État. Ce mécanisme est généralement utilisé dans le secteur du BTP, pour des échanges commerciaux avec des entreprises étrangères, ou lors des acquisitions intracommunautaires.

Quand applique-t-on l'auto liquidation de la TVA ?

L'auto liquidation de la TVA s'applique dans diverses situations. Elle est couramment utilisée dans le contexte des transactions intracommunautaires entre entreprises membres de l'Union européenne, à condition qu'elles possèdent un numéro de TVA intracommunautaire.

Dans le secteur du BTP, cette pratique est obligatoire dès lors qu'un sous-traitant réalise des travaux pour le compte d'un donneur d'ordre assujetti à la TVA.

En outre, depuis le 1er janvier 2022, l'auto liquidation de la TVA à l'importation est devenue obligatoire et automatique pour toutes les entreprises et certains organismes publics identifiés à la TVA en France.

Cependant, l'auto liquidation de la TVA ne concerne pas les microentrepreneurs français, car ils sont de base exonérés de TVA.

Comment fonctionne la facturation en auto liquidation ?

La mention spéciale à ajouter sur la facture

Pour les factures en auto liquidation, une mention spéciale doit être ajoutée. Cette mention peut varier en fonction du contexte, mais dans le cas général, on utilise le libellé « Autoliquidation de la TVA ».

Si vous êtes dans le cadre des transactions intracommunautaires, la mention « Autoliquidation, article 283 du Code général des Impôts » doit être ajoutée. Pour les entreprises soumises au régime de la franchise en base de TVA, elles doivent indiquer « TVA non applicable, article 293 B du Code général des impôts ».

Il est à noter que ces mentions sont à ajouter en plus des mentions obligatoires classiques sur vos factures. Les mentions spécifiques à l’autoliquidation n'exonèrent en aucun cas des autres mentions légales obligatoires à faire figurer sur une facture. Assurez-vous donc que votre facture comporte également les éléments de base tels que les coordonnées du vendeur et du preneur, les lignes de produit, la description, le prix, etc.

Exemple de facture en auto liquidation

Pour illustrer le processus de facturation en auto liquidation, prenons l'exemple d'une entreprise A qui sous-traite la réalisation d'un projet à une entreprise B. Dans ce cas, l'entreprise A est le donneur d'ordre et l'entreprise B est le sous-traitant.

• Identification du vendeur (entreprise B)

  • Nom de l'entreprise

  • Adresse

  • Numéro de TVA intracommunautaire

• Identification de l'acheteur (entreprise A)

  • Nom de l'entreprise

  • Adresse

  • Numéro de TVA intracommunautaire

• Détail de la prestation

  • Description de la prestation

  • Montant HT de la prestation

• Total de la facture

  • Total HT

  • Montant de TVA = 0 (car en auto liquidation, la TVA n'est pas facturée par le sous-traitant)

  • Total TTC = Total HT

• Mention spéciale : "Auto liquidation de la TVA - Article 283-2 du Code général des impôts"

Il est essentiel de bien comprendre que dans ce cas, l'entreprise B facture son client HT et c'est l'entreprise A qui se charge de déclarer et payer la TVA directement à l'administration fiscale.

Comment rédiger une facture en auto liquidation ?

Une facture en auto liquidation respecte les mêmes principes qu'une facture standard, avec l'ajout de la mention 'Autoliquidation'. Voici une méthode simple pour la rédiger :

1. Identification du vendeur : indiquez le nom de votre entreprise, le numéro d'identification à la TVA et l'adresse de facturation.

2. Identification de l'acheteur : mentionnez le nom de l'entreprise cliente, son numéro d'identification à la TVA et son adresse.

3. Détails de la prestation : décrivez le service ou le produit fourni, la quantité, le prix unitaire et le total hors taxe.

4. Mention spéciale : ajoutez la mention 'Autoliquidation', indiquant que c'est à l'acheteur de déclarer et payer la TVA.

5. Total de la facture : ce total sera identique au total hors taxe, car la TVA n'est pas facturée.

Ainsi, la rédaction d'une facture en auto liquidation est relativement simple, tant que vous vous souvenez d'ajouter la mention d'auto liquidation et de ne pas facturer de TVA.

Utilisation d'un logiciel de facturation pour l'auto liquidation

L'usage d'un logiciel de facturation peut considérablement simplifier le processus d'autoliquidation. Ces outils sont conçus pour gérer automatiquement l'application de l'autoliquidation sur vos factures. Ils assurent la conformité de vos documents et vous font gagner un temps précieux.

• Automatisation du processus : Un logiciel de facturation peut automatiquement appliquer l'autoliquidation sur vos factures. Il suffit de sélectionner l'option correspondante lors de la création de la facture. Cela évite les erreurs de calcul et assure la conformité de vos documents.

• Conformité réglementaire : Ces logiciels sont généralement mis à jour en fonction des modifications réglementaires. Ils intègrent les dernières dispositions fiscales, y compris celles relatives à l'autoliquidation.

• Gain de temps : L'utilisation d'un logiciel de facturation pour l'autoliquidation vous permet de gagner du temps dans vos tâches administratives. Vous pouvez consacrer ce temps à d'autres aspects de votre activité.

Il existe de nombreux logiciels de facturation sur le marché. Le choix dépend de vos besoins spécifiques, de votre budget et de la complexité de votre activité. Parmi les options populaires, on peut citer Mediabat, KPulse et ClicFacture.

L'auto liquidation dans le cadre de la sous-traitance

Dans le cadre de la sous-traitance, l'auto liquidation de la TVA prend une dimension particulière. Le sous-traitant, dans le cadre de ses travaux pour le donneur d'ordre, ne facture pas la TVA. En effet, c'est le donneur d'ordre qui se charge de déclarer et payer la TVA directement à l'administration fiscale.

Pour le sous-traitant, cela implique de facturer hors taxe (HT) le donneur d'ordre, tout en précisant sur la facture la mention "Auto-liquidation de la TVA". C'est un point crucial pour justifier l'absence de TVA sur la facture.

Pour le donneur d'ordre, cela signifie qu'il doit calculer et régler lui-même la TVA due sur les travaux effectués par le sous-traitant. Il est donc nécessaire de bien comprendre et de suivre les règles de l'auto liquidation pour éviter toute erreur pouvant entraîner des sanctions fiscales.

L'auto liquidation et le secteur du bâtiment

La responsabilité de l'entrepreneur principal

L'entrepreneur principal a une responsabilité importante dans le processus d'autoliquidation. C'est lui qui doit s'acquitter de la TVA pour les chantiers qu’il sous-traite. Il doit donc déclarer chaque sous-traitant au maître d'ouvrage et obtenir son accord. En outre, l'entrepreneur principal doit facturer au maître d'ouvrage l'intégralité du marché avec TVA, puis auto-liquider, c'est-à-dire collecter et déduire à la fois, la TVA des travaux sous-traités.

En complément, il est à noter que l'entrepreneur principal a aussi pour obligation de contrôler le respect de la procédure d'autoliquidation par ses sous-traitants. En cas d'acceptation d'une facture d'un sous-traitant avec de la TVA alors que les travaux devaient être soumis à l'autoliquidation, l'entrepreneur principal peut être pénalisé financièrement.

L'impact sur la comptabilité de l'entreprise

L'auto liquidation a un impact significatif sur la comptabilité des entreprises du secteur du bâtiment. En effet, cette pratique modifie le traitement des factures et des enregistrements comptables.

Le sous-traitant, lorsqu'il émet une facture en auto liquidation, ne doit pas comptabiliser la TVA. La facture est donc établie hors taxe et le montant de la TVA n'apparaît pas dans les comptes de TVA à récupérer ou à payer.

Pour l'entreprise principale, elle doit, au contraire, intégrer la TVA dans ses comptes, même si elle ne l'a pas réellement payée. Ainsi, elle doit passer une écriture comptable pour déclarer la TVA due sur les travaux sous-traités.

Cela peut avoir plusieurs conséquences. D'une part, cela peut augmenter la complexité de la gestion comptable, en particulier pour les petites entreprises qui n'ont pas de service comptable dédié. D'autre part, cela peut avoir un impact sur le cash flow de l'entreprise principale, car elle doit avancer la TVA sans l'avoir réellement perçue.

C'est pourquoi il est essentiel d'avoir une bonne compréhension de l'auto liquidation et de ses implications comptables, afin de gérer correctement ces situations et d'éviter toute erreur ou omission qui pourrait avoir des conséquences fiscales.

Comment comptabiliser une facture en auto liquidation dans le BTP ?

La comptabilisation d'une facture en auto liquidation dans le BTP implique un jeu d'écritures comptables spécifique. Le sous-traitant émet une facture HT à l'entrepreneur principal, sans TVA. De son côté, l'entrepreneur principal doit enregistrer cette opération en comptabilité. Pour cela, il doit créer un compte dédié dans son plan comptable, généralement dénommé "TVA autoliquidation".

Voici un exemple d'écriture comptable pour une facture de 1000€ HT :

• Débit du compte 611 "Sous-traitants" de 1000€

• Débit du compte 445690 "TVA déductible autoliquidation" de 200€ (si TVA à 20%)

• Crédit du compte 401000 "Fournisseur sous-traitant" de 1000€

• Crédit du compte 445790 "TVA due autoliquidation" de 200€.

Ces écritures permettent d'enregistrer à la fois la TVA collectée et déductible.

Les obligations légales liées à l'auto liquidation

L'article 283-2 du CGI et l'auto liquidation

L'Article 283-2 du Code général des impôts (CGI) réglemente le mécanisme d'auto liquidation de TVA en France. Il indique que dans certaines circonstances, la responsabilité de payer la TVA est inversée : elle ne revient plus au fournisseur, mais à l'acquéreur du bien ou du service.

Cet article s'applique dans plusieurs cas :

• Les opérations concernant des déchets neufs d'industrie ou des matières de récupération.

• Les travaux de construction, de réparation, de nettoyage ou d'entretien effectués par une entreprise sous-traitante pour le compte d'un preneur assujetti.

• Les prestations de services fournies par un assujetti non établi en France à un assujetti établi en France.

La mise en place de l'auto liquidation via l'article 283-2 du CGI vise principalement à lutter contre la fraude fiscale. C'est une mesure qui a des implications importantes pour les entreprises, qui doivent modifier leur processus de facturation et de déclaration de TVA.

L'article 283 du CGI et ses implications pour les entrepreneurs

L'article 283 du Code général des impôts (CGI) définit le redevable de la TVA. En général, la TVA est acquittée par la personne qui réalise l'opération (livraison de biens ou prestation de services). Toutefois, dans certaines situations spécifiques, la TVA est acquittée par l'acquéreur, le destinataire ou le preneur. C'est ce qu'on appelle l'autoliquidation.

• Pour les livraisons de biens et les prestations de services portant sur des déchets neufs d'industrie et matières de récupération, c'est le preneur qui acquitte la TVA.

• Si une livraison de biens ou une prestation de service est effectuée par un assujetti établi hors de France, la taxe est acquittée par l'acquéreur, le destinataire ou le preneur qui agit en tant qu'assujetti.

• Enfin, pour les travaux de construction, de réparation, de nettoyage, d'entretien, de transformation et de démolition effectués en relation avec un bien immobilier par une entreprise assujettie sous-traitante pour le compte d'un preneur assujetti, c'est le preneur assujetti qui acquitte la TVA.

Ces dispositions ont des implications majeures pour les entrepreneurs, notamment dans leur gestion de la TVA et leur facturation.

Les erreurs à éviter lors de l'auto liquidation

Lors de la mise en œuvre de l'auto liquidation, certaines erreurs peuvent coûter cher. Une erreur courante est l'oubli de la mention 'Autoliquidation' sur la facture. Cette mention est non seulement une obligation légale, mais elle permet également au client de comprendre qu'il est responsable de la TVA.

• Il est aussi courant d'appliquer erronément l'auto liquidation à des opérations qui n'en relèvent pas. Par exemple, l'auto liquidation ne concerne pas les prestations de services effectuées à l'étranger ou les ventes à des particuliers.

• De même, l'erreur de facturation en HT sans préciser qu'il s'agit d'une auto liquidation est à éviter. Le client pourrait alors se retrouver à payer une TVA qu'il n'aurait pas dû payer.

• Enfin, une mauvaise interprétation de l'article 283-2 du CGI peut conduire à des erreurs. Cet article précise les conditions d'application de l'auto liquidation. Il est donc essentiel de bien le comprendre pour éviter les erreurs.

Les avantages et inconvénients de l'auto liquidation pour les entreprises

L'auto liquidation présente certains avantages pour les entreprises, notamment une simplification administrative. En effet, cette méthode permet à l'entreprise de ne pas avoir à collecter, ni reverser la TVA. De plus, elle offre une amélioration de la trésorerie, car l'entreprise n'a pas besoin d'avancer la TVA pour le compte de ses fournisseurs ou sous-traitants.

Cependant, il y a aussi des inconvénients. Il existe un risque de fraude à la TVA, et l'entreprise doit faire face à des coûts immédiats pour mettre en place ce système. Il est donc essentiel d'évaluer soigneusement les avantages et les inconvénients avant de décider d'adopter ce mécanisme.